Le
naturalisme dans les sciences humaines en Russie
Aviv Saliou-Diallo
Prof. Patrick
Sériot 28 mai 10
Exposé : Le Matérialisme Dialectique et le Darwinisme
Le
matérialisme dialectique occupe une place essentielle dans la
philosophie marxiste et dans la philosophie politique de Vladimir
Lénine. Sans cette philosophie, une révolution politique et
économique, la création du Parti Bolchevik et le renversement de
l’empire Russe n’auraient pas pu avoir lieu. Or, beaucoup de
gens ne savent pas jusqu’à quel degré le matérialisme
dialectique consiste non seulement en philosophie politique,
historique et social (c’est-a-dire, en sciences humaines),
mais en philosophie de la science naturelle. Pour pouvoir créer une
nouvelle société il a fallu non seulement proposer des nouvelles
« lois de la société », mais aussi expliquer les
origines de ces « lois », remontant aux lois de la nature
et lois de la matière non-organique. Pour pouvoir confronter les
croyances et espérances du peuple, et dissoudre l’ordre social, il
était aussi essentiel pour les bolcheviks de remplacer une vision du
monde métaphysique et religieuse, par une vision du monde athéiste
et purement matérialiste. Dans notre exposé nous examinons trois
articles qui expliquent la relation entre le marxisme et la biologie,
la relation entre le matérialisme dialectique et la théorie de la
sélection naturelle de Charles Darwin (appelée darwinisme). Les
trois articles sont : « Le rôle du matérialisme
dialectique: la phase authentique » de Loren R. Graham
(Cambridge, 1993) , « Sous la signe du marxisme; critique
du livre de B.M. Kozo-Polianski » (Moscou, 1925) et « Le
matérialisme dialectique et la biologie » de Vassili Slepkov
(1928). Le problème de matérialisme dialectique a un caractère
métaphysique. Dans notre exposé nous disons que la métaphysique
« s’occupe des questions de l’immortalité de l’âme,
l’existence de Dieu, les raisons de l’existence du Mal, etc. »
(Zarubina, T.). Puisque le matérialisme dialectique exprime le
« non-existence d’un Dieu quelconque » et prétend
expliquer l’origine (et aussi le but) de la vie, nous devons
aborder le sujet en tant que question à la foi scientifique et
métaphysique. Pour cela nous examinons aussi le livre du prêtre
Daniel Sysoev (+ 2009) « Chronique du commencement »
(Летопись
начала)
(Moscou, 1999).
Dans son article très compréhensible sur la
relation entre le matérialisme dialectique et les sciences
naturelles Loren Graham explique l’influence que les idées
marxistes ont eu en occident, en passant par la URSS. Il dit que
grâce à la révolution bolchevik une nouvelle façon de voir le
monde naturelle a eu naissance. En Occident le marxisme était limité
à un étude uniquement historique et politique. Il représentait un
ensemble des idées auparavant ignorées à l’ouest. Graham
signale que en effet le marxisme est matérialisme historique et
aussi matérialisme dialectique: philosophie de la science naturelle.
Pour définir le matérialisme dialectique Graham fait appel à les
caractéristiques, sinon des postulats, de cette philosophie. Donc,
le matérialisme dialectique rejet l’influence divine sur la nature
et l’existence d’un Dieu quelconque. Il affirme que toutes les
forces de la nature sont accessibles à la science. En outre, il
existe trois niveaux de la nature avec des lois différentes. Ce
dernière affirmation a été révolutionnaire à l’époque car il
a été le synthèse des points de vues concourants dans la
philosophie matérialiste. L’idée consiste a comprendre que pour
trois niveaux d’existence (de nature) différents – le monde
physique, le monde biologique, le monde social – il existe trois
systèmes d’explications en accordance avec trois systèmes de lois
différentes.
Les points de vues concourants qui ont précédé
le matérialisme dialectique était le réductionnisme et le
vitalisme. Le réductionnisme, qui remontait aux atomistes grecques
classiques comme Démocrite et a été développés par les savants
de 19c comme Buchner, affirmait que tous les phénomènes dans
l’univers, y compris le comportement des hommes, peut être réduis
aux atomes, à la matière. Tandis que le vitalisme affirmait que les
phénomènes élevés de la nature, la vie et les hommes, sont basés
sur les principes non-matériels qui ne peuvent pas être expliqués
par la science. Le vitalisme a été développé par Aristote et
ensuite par Barthez dans le 18ème
siècle. Les principes sociaux de matérialisme dialectique sont
basées évidement sur des lois sociales formulées par Karl Marx.
Les lois qualitatives sont les résultats des changements
quantitatifs. Les nouveaux lois ne peuvent pas être réduits aux
lois anciennes. Par exemple, une loi biologique ne peut pas être
réduite a une loi physique, une loi sociale ne peut pas être
réduite a une loi biologique. Pour cela le darwinisme joue un rôle
très important dans le développement du matérialisme dialectique.
L’évolution des espèces vivants, ainsi que de la matière
non-vivante, présuppose pour ces penseurs une série des transitions
quantitatives liés aux changements qualitatives. Grâce à ce point
de vue, les lois de l’univers peuvent aussi changer en fonction de
la matière observée. En même temps la nature est toujours réduite
à la matière et l’énergie (même sur le niveau socioculturel).
Graham cite les conséquences morales et politiques que ce point de
vue a entrainé, notamment que le principe de non-réductionnisme n’a
pas encouragé une politique d’eugénique comme a été le cas pour
les nazis. Car, la théorie suggère que les lois biologiques ne
dominent pas sur les lois sociaux. Graham développe la situation et
dit que par contre, la philosophie marxiste a créé une élite, le
« Parti Communiste », qui connaissait les lois de la
société (mieux que le peuple les connaissait) et donc avait le
droit de diriger le pays d’une façon autoritaire. Graham conclue
avec une résumé des postulats de matérialisme dialectique. Ils
sont les suivants : 1) L’univers est matière-énergie ;
2) l’univers est une totalité intégrale ; 3) la réalité
objective existe et l’homme par son intelligence en a accès ;
4) l’univers est en changement perpétuelle ; 5) les
changements dans la matière ont lieu en fonction des régularités
ou des lois ; 6) les lois différentes correspondent aux sujets
différents ; 7) la matière est infinie et donc notre
connaissance ne peut pas complètement saisir l’univers ; 8)
mouvement est interne, promoteur est superflu ; 9) la
connaissance de l’homme développe avec le temps.
Nous passons maintenant à l’article qui vient
de l’ancien journal « Sous la bannière du Marxisme ».
L’article est une courte critique d’un livre écrit par le
botaniste Soviétique B.M. Kozo-Polianski (1890-1957). Il était
professeur à l’université de Voronezh. Il est connu pour ses
travaux sur le phylogénie et sur la symbiose et l’évolution. Nous
vous rappelons que la symbiose est l’association intime durable
entre deux organismes d’espèces différents. Les critiques,
« idéologiquement pures », affirment que le livre de
Kozo-Polianski est bon, car il montre l’universalité des méthodes
utilisés par les biologistes marxistes. En outre, Kozo-Polianski
montre les erreurs des autres théories d’évolution, telles que
Lamarck et De Frise, en faveur de darwinisme. Malgré cela,
Kozo-Polianski ne donne pas des preuves de la théorie Darwinienne,
il montre uniquement ses hypothèses. Et aussi, il exagère le rôle
de la symbiose. Et finalement, on sent que Kozo-Polianski méprise la
branche de la biologie: la génétique.
Le dernier article que nous avons étudié pour ce
thème s’appelle « Le matérialisme dialectique et la
biologie » de Vassili Slepkov. La biographie de Vassili Slepkov
est très intéressante, car elle montre la cruauté du système de
pensée et de politique que les chercheurs Soviétiques soutenaient
avec leurs théories scientifiques. Vassili Slepkov (1902-1937) était
un génétiste soviétique brillant. Son grand travail a été sur
les mutations des mouches de vinaigres révélées par x-ray. Entre
1922-1927 il fait ses études à Petrograd, Moscou et Berlin. Ensuite
en 1929 il obtient un post de professeur à Kazan, mais malgré son
bon travail il est viré du Parti Communiste en 1930. Entre 1931-1933
Vassili Slepkov enseigne la méthodologie au lieu de la génétique à
Kazan. En même temps, il y a lieu le fameux séminaire sur la
génétique de Slepkov en 1933. Peu après, toujours en 1933, Slepkov
est accusé de faire partie du cercle « Ryutin ». Ceci
est un mouvement contre Staline des années 1930’s. Slepkov est
arrêté et condamné à trois ans de prison. Après un an de
détention Slepkov est exilé à Ufa. Encore soupçonné être
contrerévolutionnaire en 1936, Slepkov est arrêté et ensuite
exécuté un an plus tard. Ses doctorants sont exilés ou exécutés.
Dans son ouvrage Slepkov montre l’importance du
matérialisme dialectique en tant que méthode scientifique. Il dit
que ce méthode influence les scientifiques à faire des nouvelles
découvertes. Grâce à la recherche basée sur ce méthode, on
arrive a surmonté le vitalisme. Le matérialisme dialectique peut
montrer que l’origine de la vie est non-organique, il peut nier une
force vitale. Encore on rencontre l’idée que le darwinisme propose
une nouvelle regarde sur le conflit entre réductionnisme et
vitalisme. Sur la question de l’origine de la vie, Slepkov
s’exprime nettement. Il affirme qu’il n’existe pas une force
vitale et que la vie procède de la matière morte. Mais, en même
temps l’univers est une totalité intégrale ; la matière
morte se transforme toute seule en matière vivante. Slepkov admet
que la matière vivante est radicalement différente que la matière
morte : elle consiste en le métabolisme, la structure
particulière des cellules et leur propriétés chimiques très
complexes, la reproduction, l’hérédité et l’entretien
automatique. Néanmoins, il insiste sur le fait que l’origine de la
vie est la matière morte. Son analyse vise à expliquer les
composantes chimiques des processus de la vie et le lien entre toutes
formes de vie pour pouvoir éventuellement synthétiser la matière
non-organique avec la vie. Cela sera le
triomphe de la science.
Slepkov va après chanter les mérites du
darwinisme, en disant que cette théorie exprime les idéaux
marxistes. Et le vitalisme est antimarxiste, car il ne considère pas
le développement historique de la vie. Slepkov évoque que le
darwinisme reconnait la soumission de la vie aux lois de la
conservation de l’énergie. Il ignore que cette observation montre
qu’une loi physique n’est pas obligée d’engendrer une autre
loi pour qu’un nouveau système soit engendré. Or, les lois des
thermodynamiques sont principales, quasiment irréfutables, et
contredisent l’évolution. Slepkov insiste que l’évolution des
nouvelles lois sont les conséquences des changements qualitatives,
cela est une idée profondément marxiste. Il ajoute que le marxisme
admet que les facteurs internes jouent un rôle dans l’évolution,
mais leur rôle est forcement secondaire. En outre, Slepkov estime
qu’il aurait fallu des millions d’années pour que la matière
morte devienne un simple micro-organisme: 1) substance vitale→ 2)
forme de vie élémentaire→ 3) cellule. Evidement, aujourd’hui
des scientifiques diraient plutôt qu’il aurait fallu des milliards
d’années.
Pour notre conclusion nous citons des faits
exposés dans l’œuvre de père Daniel Sysoev (+2009).
L’observation de la réalité, ainsi que la logique, nous montrent
que les lois physiques ne peuvent pas d’eux-mêmes engendrer des
nouvelles lois biologiques, des lois qui contredisent ces mêmes lois
physiques. Surtout dans le cas où ces lois physiques ne cessent
d’exister pour la matière, non plus pour les êtres vivants. Or,
les êtres vivants sont toujours soumis aux lois physiques, ainsi que
aux lois biologiques (s’il faut les distinguer séparément). Plus
précisément, le mécanisme,
ou même la façon, d’un changement d’un niveau de la réalité à
une autre n’est pas expliqué dans les hypothèses du matérialisme
dialectique. On dit que les lois changent pour la biologie, mais
évidement les lois de la physique s’appliquent toujours aux êtres
biologiques. Par exemple, une chaise est un chien sont également
soumis à la gravité. Or, la transformation de la matière
non-organique en la matière vivante est toujours inconnue, ainsi que
la transformation des lois des êtres non-organiques aux êtres
organiques. De plus, la 2ème
loi thermodynamique parle d’une augmentation de l’entropie
effectuée par toute transformation du système. Cela est contraire
au progrès, évolution, etc. Sans mécanisme et information
l’entropie ne peut pas être réduite. Ainsi la 2ème
loi de thermodynamique contredit le principe de l’évolution.
La mort ne devient pas vie par accident. Les
mathématiques ont calculé que les chances d’une naissance
accidentelle de la matière vivante, aminoacides en enzymes, sont
1x1040000.
Le seule mécanisme proposé dans la théorie darwinienne pour
expliquer les changements et l’évolution des espèces sont les
mutations accidentelles. Or, on sait que 99,99% des mutations sont
nuisibles. On voit là que la sélection naturelle n’a pas une
direction ou un plan. On admet que les changements à l’intérieur
des espèces (microévolution) peuvent avoir lieu à travers le
temps, mais le mécanisme suggéré, la mutation, n’est pas capable
de former des nouveaux espèces, familles, classes, etc. Des chiens
changent à travers le temps, surtout avec l’influence de l’homme,
mais ils ne deviennent pas chats ou éléphants ou dauphins, ils
restent toujours des chiens. En ce qui concerne les lois sociales
proposées par Marx et le matérialisme dialectique, il est un
évidence que ces « lois » ne fonctionnent pas et n’
existent pas. Elles ne sont pas le produit d’une évolution des
lois biologiques en lois sociales, mais des fantaisies des insensés.
Ces « lois» inventées ne se sont jamais réalisées dans la
pratique. L’utopie marxiste a détourné en cauchemar humain, comme
en témoignent les terreurs, les massacres, les répressions, et
l’effondrement de l’URSS et pratiquement tous les pays
« communistes ». Comme David, le roi et prophète, a
dit : « L’insensé a dit en son cœur : "Non,
plus de Dieu !" » (Ps.13,1). Le marxisme est
justement un exemple de cette folie. Car, sans Dieu, ni la société,
ni l’homme, ni les espèces, ni les étoiles, ni mêmes la
poussière n’existent pas.
« Que tes
œuvres sont nombreuses, Yahvé ! toutes avec sagesse tu les
fis, la terre est remplie de ta richesse »
(Ps. 103, 24).
Bibliographie :
Graham,
Loren R. Science in Russia and The Soviet Union. Pg. 99-103.
La
Bible de Jérusalem. Paris, 2009.
Zarubina,
Tatjana. L'Union soviétique de la philosophie et de la biologie.
Lausanne, 2010.
http://www2.unil.ch/slav/ling/cours/a09-10/MA/P10/5Biol/biol.pdf
Ермолаев,
А.И. Научная
и педагогическая деятельность Василия
Николаевича Слепкова. М., 2004. С. 97-99.
Завадовский,
Б. Под знамением маркзисма: «Б.М.
Козо-Полянский. Диалектика и биоллогия».
М., 1925. С.261-262.
Козо-Полянский,
Б.М. http://ru.wikipedia.org/wiki/Koso-Pol.
Слепков
В.Н. Диалектический материализм и
биология. М.,1928. С. 250-262.
Сысоев Даниил, иерей.
Летопись начала. М., 1999.
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